120 BPM, un film sur la lutte d’Act Up, un modèle pour les luttes d’aujourd’hui
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Ce film vibrant et intense sur un groupe de jeunes aux prises avec le sida, dans les années 90, nous saisit à toutes sortes de niveaux.
L’énergie du collectif, avec sa joie, sa chaleur, et aussi sa conflictualité, éclate dans les réunions hebdomadaires en amphi où se réfléchit et se décide toutes les actions. On a le droit de s’engueuler sur les choix stratégiques, on a le droit aussi de devenir aussi experts, d’exiger de travailler dans les commissions ministérielles, et avec les labos.
Le collectif s’ancre dans l’intime, avec une histoire d’amour bouleversante. C’est le même désir, le même élan qui pousse le groupe à inventer, et qui rapproche les amis ou les amants.
On voit comment l’ombre de la mort est combattue par l’arme de l’humour, (un jeune hémophile explique comment éviter les grumeaux du faux sang fabriqué dans une baignoire, les slogans provocateurs, les pom-pom girls de la Gay-Pride, le plaisir partagé de la danse). Aussi par l’ancrage dans le corps, vivant, dans la maladie et dans le plaisir, dans le silence de la rencontre et dans l’affirmation publique. Et par l’énergie de la lutte, de la colère (les interventions où les responsables des labos pharmaceutiques se retrouvent aspergés de faux sang, et traités d’assassins).
C’est tout sauf un mélo, c’est une histoire de lutte.
Ces jeunes, séropositifs pour la plupart, sans traitement efficace à l’époque, menacés, certains déjà malades, s’entraident bien sûr, mais d’abord s’affirment comme des activistes : « Ce n’est pas une cause, c’est une lutte ».
Qu’est ce que ce film nous dit pour aujourd’hui ?
Le combat d’Act Up sur le Sida n’est pas terminé, même si aujourd’hui, pour beaucoup, le sida est devenu une maladie chronique. Restent ceux qui n’ont pas accès aux traitements, à l’information, à la prévention, habitants du Sud, ceux qui sont en prison, qui vivent de prostitution, usagers de drogue, migrants rejetés, discriminés, jeunes isolés.
Aujourd’hui, il existe des activistes, méprisés par les medias, comme Act Up l’a été autrefois avant qu’on ne célèbre aujourd’hui ce qu’il a apporté à la société. Cela, sur des fronts actuellement occultés, par exemple, les Indigènes de la République, les refugiés, les délinquants-solidaires mobilisés et inculpés pour leur soutien aux réfugiés politiques ou économiques, ou autour des questions de conditions de vie (logement, écologie), et dans le front du travail (le film Comme des lions).
Et nous, au Collectif les Outils du soin ?? Sommes-nous un groupe d’entraide sur le soin, ou des activistes ? Bien sûr, sans cette urgence du film, mais quand même, sans doute un peu des activistes, qui réfléchissons certes, mais qui luttons pour des transformations dans le domaine du soin, de la santé. Et cette bataille s’ancre à l’intérieur de nos corps, de notre vie, de situations concrètes et immédiates que l’on soit soignant professionnel, aidant, patient. Par exemple, se battre sur la question de l’accueil est autant une question de conditions de travail pour les professionnels que de soin pour les patients. De même, faire connaitre un courant peu connu de la psychanalyse au travers de marionnettes est une manière de lutter contre l’arrogance et la distance dont on a pu pâtir autrefois et encore maintenant dans certaines institutions psychanalytiques.
Alors, au travers et au-delà de nos cordels, nos livrets, nos vidéos, nous vous invitons à réfléchir avec nous et avec d’autres, et à imaginer comment porter haut et fort auprès de la société les luttes autour du soin, de la santé et de la solidarité.
https://www.politis.fr/articles/2017/07/philippe-mangeot-nous-avons-produit-notre-propre-legende-dact-up-37430/
https://www.politis.fr/articles/2017/07/120-battements-par-minute-de-robin-campillo-une-histoire-vivante-37431/
http://www.lesinrocks.com/2017/05/20/cinema/120-battements-par-minute-le-combat-dact-dans-une-bouleversante-epopee-11947068/
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