Les ordonnances vertes , une politique locale efficace, peu coûteuse et accessible pour la santé des enfants à naître
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L"association AMLP "Alerte des Médecins sur les Pesticides" relaie la tribune pour les Ordonnances Vertes initiée par des médecins de Nantes Mickael Derangeon et Bertrand Isidor.
Cette tribune claire et argumentée affirme l’importance de replacer la nutrition, la prévention et l’environnement au cœur de la pratique médicale et des politiques publiques.
Agir le plus tôt possible : un devoir citoyen pour la santé des enfants à naître
Prévenir, nourrir, protéger dès les 1000 premiers jours : une autre politique locale de santé publique est possible.
La période des 1000 premiers jours, entre le début de la grossesse et l’âge de deux ans, constitue une fenêtre de sensibilité majeure pour la santé future et en particulier le développement cérébral. Durant cette phase le cerveau d’un enfant triple de volume et les expositions environnementales, qu’elles soient chimiques ou autres, peuvent laisser une empreinte durable. Ce concept, connu sous le nom de DOHaD (Developmental Origins of Health and Disease), est aujourd’hui largement reconnu par la communauté scientifique et à l’origine de recommandations des autorités sanitaires (Gluckman et al., 2010 ; UNICEF, 2016).
Pendant cette phase, chaque jour compte, chaque exposition aussi
Les expertises collectives de l’Inserm de 2013 et 2021, établissent des liens entre l’exposition à certains polluants chimiques comme les pesticides et de nombreux cancers et maladies neurodégénératives. Selon ces expertises, il existe également une présomption forte d’un lien avec une exposition maternelle pendant la grossesse et la survenue de cancers pédiatriques, certaines malformations et troubles du neurodéveloppement. L’État reconnaît d’ailleurs ces effets puisqu’il existe un fonds d’indemnisation pour les agriculteurs et leurs enfants atteints de problèmes de santé reconnus comme en lien avec une exposition aux pesticides.
Au vu des risques avérés que représentent les pesticides et autres substances toxiques, la prévention s’impose comme la seule voie raisonnable. Elle passe par une meilleure information des femmes et des hommes en âge d’avoir des enfants, en particulier sur les risques d’exposition (alcool, tabac, médicaments, pesticides, etc.) lors de la période pré-conceptionnelle et dès les premiers mois de grossesse et de vie.
Cependant, chaque individu dispose d’un contrôle limité sur son environnement, tant les sources de contamination sont multiples. En effet, on retrouve ces pesticides et polluants chimiques dans l’alimentation, l’air, l’eau, le placenta… et jusqu’au liquide céphalorachidien.
Si les expertises collectives de l’Inserm montrent des liens entre la présence de pesticides et de nombreuses pathologies et malformations, les études NutriNet-Santé et Esteban montrent, elles, que les consommateurs de produits biologiques présentent un risque réduit de développer ces pathologies chroniques et une diminution dans leur organisme de la teneur en pesticides.
Ces données démontrent qu’agir par le biais de l’alimentation (produits alimentaires, qualité de l’eau) correspond probablement à la mesure la plus efficace.
En outre, l’accès à une alimentation favorable à la santé n’est pas réparti de façon égalitaire. Les familles modestes consomment près de deux fois moins de fruits et légumes que les plus aisées, souvent conduites à se tourner vers des aliments ultra-transformés, comme le révèle le rapport « Pour une alimentation saine et durable » (France Stratégie, 2021). Pourtant, les Projets Alimentaires Territoriaux (PAT) gouvernés localement par les collectivités ont la mission de favoriser un environnement alimentaire protecteur pour tous. Pour y parvenir, France Stratégie insiste sur l’urgence de former les acteurs locaux (élus, professionnels de santé, travailleurs sociaux) et d’accompagner les familles dans l’accès à une alimentation de qualité, notamment via des outils concrets. C’est là que les élus locaux ont le pouvoir d’agir pour protéger la santé des femmes enceintes et des enfants à naître, en déployant une alimentation de qualité accessibles à celles et ceux qui en ont le plus besoin.
Une politique locale efficace, peu coûteuse et accessible
Face à ce constat, plusieurs villes ont déjà expérimenté un dispositif innovant : « les ordonnances vertes ». À Strasbourg, des femmes enceintes ou en parcours de PMA peuvent recevoir, sur prescription médicale, des paniers hebdomadaires de fruits et légumes bio et locaux, à condition de participer à des ateliers de sensibilisation à la santé environnementale animés par des professionnels (éco-conseillers, infirmières, sage-femmes, diététiciennes). *
Les résultats obtenus à Strasbourg sont remarquables :
• 90 % des participantes modifient durablement leurs habitudes alimentaires ;
• 70 % déclarent une amélioration de leur santé physique et mentale ;
• 82 % des co-parents s’impliquent, renforçant l’impact familial ;
• ces comportements sont maintenus après la naissance dans 90 % des cas.
Avec un coût moyen à Strasbourg de 420 € par grossesse, le retour sur cet investissement social est considérable : meilleure santé maternelle et infantile, soutien à l’agriculture bio et aux circuits courts, meilleure cohésion sociale, préservation de l’environnement. À Strasbourg, le dispositif est cofinancé par la Ville, l’ARS, l’Assurance Maladie et des acteurs locaux. D’autres villes comme Rennes, Angoulême, Trappes ou Chizé ont déjà rejoint la dynamique.
Des leviers à la portée de toutes les collectivités
Sans attendre une réforme nationale, les communes disposent déjà de leviers puissants :
• politiques d’achats publics alimentaires,
• projets alimentaires territoriaux,
• soutien à l’agriculture bio et locale,
• programmes de santé périnatale,
• sensibilisation à la santé environnementale,
• subventions aux associations promouvant ces principes…
Les ordonnances vertes peuvent ainsi devenir une politique de prévention à haut rendement sanitaire et social, duplicable, mesurable et porteuse de transformations.
Un signal fort pour attirer les professionnels de santé et une politique juste, concrète et urgente
De plus en plus de soignants, médecins, sages-femmes, pharmaciens, diététiciennes – souhaitent s’engager pour la santé environnementale. En développant ces programmes, les communes peuvent attirer des professionnels motivés et engagés dans la prévention devenant ainsi un facteur d’attractivité territoriale.
Prévenir l’exposition des enfants à naître, soutenir les familles, garantir une alimentation saine, valoriser les soignants engagés : autant d’actions justes, accessibles et porteuses d’avenir.
Élus de demain : soyez à la hauteur de cette mission. L’information, validée scientifiquement, existe, et suffit à justifier d’agir dès maintenant. Cela tient de vos missions de promouvoir la santé future. Ces ordonnances vertes ne sont pas un luxe ou une utopie mais un outil simple, concret, efficace, plébiscité par les familles comme par les professionnels de santé et de très nombreux agriculteurs.
• Gluckman, P. D., Hanson, M. A., & Beedle, A. S. (2010). "Principles of evolutionary medicine." Oxford University Press.
• UNICEF (2016)."From the First Hour of Life : Making the case for improved infant and young child feeding everywhere."
• France Stratégie, 2021 https://www.strategie-plan.gouv.fr/files/files/Publications/2021/0922%20Alimentation/fs-2021-rapport-pour_une_alimentation_saine_et_durable-septembre.pdf
* Pour renforcer cette dynamique, les collectivités peuvent aussi s’appuyer sur leurs politiques sportives, éducatives et culturelles pour promouvoir un environnement de vie favorable à la santé des enfants. En complément des ateliers sur l’alimentation, les programmes de prévention pourraient aborder d’autres leviers majeurs : l’activité physique, la réduction de l’exposition précoce aux écrans, ou encore l’accompagnement face aux usages numériques et aux réseaux sociaux. Ces dimensions influencent aussi le développement cognitif, émotionnel et social de l’enfant. En les intégrant, les collectivités affirment leur engagement dans une approche systémique et cohérente, inspirée des principes de santé globale (One Health) promus par l’Organisation Mondiale de la Santé.
Adresse mail de contact : ordonnanceverte44@proton.me
Lien pour voir la liste des signataires :
https://docs.google.com/spreadsheets/d/1pZiqrXusGWCJHR8dVb9Haf6DqGdlM2DwrLqTEm2zgpQ/edit?usp=sharing<https://urldefense.com/v3/__https:/...>
voici ci dessous le flyer de recommandations élaboré par l’équipe de Nantes à l’intention des femmes enceintes, de leur entourage, des professionnels de santé et des élus des collectivités locales.
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